Jean-Marc NAILLON
Président de l’Abeille Périgordine
Après un hiver particulièrement doux et humide, nos abeilles sortent de l'hivernage apparemment en bonne forme. La visite de printemps a révélé des colonies généralement fortes, avec de belles plaques de couvain, augurant d'un développement rapide et vigoureux. Contrairement à l'année dernière, peu d'adhérents nous ont fait remonter des pertes de colonies importantes. Les problèmes rencontrés par nos amis des Pyrénées orientales, de l’Ariège et des hautes Pyrénées nous ont fortement inquiétés. Nous pensons à eux et leur exprimons toute notre solidarité.
Nous avons été occupés en fin d'hiver par notre participation à la lutte contre les dangers qui menacent l'apiculture :
- Nous avons soutenu le collectif d'associations réunies autour de la défense des PNPP (préparations naturelles non préoccupantes) qui sont de véritables alternatives à l'utilisation des pesticides. Il est logique pour nous d'aider au développement de ces alternatives car nous sommes engagés depuis longtemps dans la lutte contre les pesticides qui empoisonnent nos abeilles et fragilisent notre travail. Il est important de permettre l'expression des autres options d'élevages ou de cultures. Lors du rassemblement organisé à Ajat par l'association ASPRO PNPP, de très nombreuses associations ou organisations d'agriculteurs, de jardiniers étaient présentes et se sont exprimés à nos côtés. Des utilisateurs des PNPP étaient là pour montrer le sérieux de ces produits naturels, des communes qui se sont lancées depuis plusieurs années dans l’utilisation de ces alternatives aux pesticides ont témoigné. On peut noter d'ailleurs que la commune de Trélissac, si impliquée dans la défense des abeilles est elle même utilisatrice des préparations naturelles non préoccupantes. (Pour toute info sur les PNPP, consulter le site http://www.aspro-pnpp.org/)
- Nous avons participé aux côtés d'autres associations fédérées par le collectif 24 « Pas d'OGM dans nos champs ni dans nos assiettes », à une rencontre en préfecture pour demander la publication des résultats d'une étude sur la dissémination des pollens de maïs. (Voir article dans nos pages).
- Nous sommes intervenus dans les médias pour lancer la campagne de piégeage des femelles fondatrices du frelon asiatique. Grâce au dynamisme dans ce domaine de la commune de Trélissac, nous avons pu montrer pour la deuxième année que le piégeage développé à l'échelle du territoire d'une commune fait baisser considérablement le nombre de nids de Vespa velutina.
La commune de Boulazac a également organisé une conférence de presse pour démarrer le piégeage. Rendons hommage au courage de ces élus qui osent se lancer dans la communication sur le piégeage de printemps. Je vous invite d'ailleurs à nous rejoindre sur le stand de l'Abeille Périgordine, le 27 avril prochain, sur la plaine de Lamoura pour la journée « Tous au vert » . Nous pourrons faire le point sur le piégeage en cours.
Si ce prédateur a baissé la garde en 2013 à la suite d'un printemps défavorable à son développement et dont les conditions météorologiques l'ont enclin à se précipiter dans nos pièges durant les quelques journées ensoleillées d'avril et mai, il y a fort à parier qu'il profitera comme nos abeilles de la douceur de fin d'hiver au moment où les reines pondent les oeufs qui donneront les premières ouvrières. Les premières prises isolées ont été signalés le 19 février en Dordogne. A partir de mi mars, les captures ont commencé à se généraliser. Encore une fois, nous appelons la population à nous aider à combattre le frelon asiatique, en piégeant de mi mars à début mai, période où le piégeage ne met pas en danger danger les insectes autochtones. Les apiculteurs devront laisser leur pièges actifs toute l'année pour deux raisons : dans un premier temps, continuer la capture des fondatrices et réduire la population des premières ouvrières , puis dans un second temps, diminuer la population des nids et ainsi réduire l' de la prédation de fin de saison, si néfaste à l'hivernage de nos abeilles.
Dans le monde de l'apiculture du département de la Dordogne, quelques rares voix discordantes empêchent les pouvoirs publics de voir qu'une très grande majorité des apiculteurs plébiscite le piégeage de printemps. Au sein du Conseil d'Administration de l'Abeille Périgordine, nous faisons le choix de porter clairement la parole des apiculteurs et de défendre leurs intérêts contre l'avis des directives officielles. Dans ce combat, comme dans celui contre les pesticides, notre rôle de représentants des adhérents n'est pas de servir de porte-voix aux décisions ministérielles, mais de rechercher les meilleures solutions pour l'apiculture et de mettre notre énergie au service de leur réalisation. Le piégeage de printemps n'est pas l'arme absolue, mais c'est la seule dont nous disposons actuellement pour protéger nos ruchers, et cette solution a pour le moment évité le recours aux insecticides qui pourraient être utilisés pour empoisonner à distance les nids de Vespa velutina. Refuser le piégeage de printemps, alors qu'il n'existe pour le moment pas d'autres solutions, c'est laisser les apiculteurs sans défense. C'est ce discours que nous avons tenu au sein d'Apidor. Malgré nos interventions, et pour la troisième année consécutive, le budget prévu pour la lutte contre le frelon asiatique ne sera pas utilisé à cette fin, sous prétexte de ne pas aller à l'encontre des directives officielles. Cette structure se révèle de plus en plus stérile, car toutes les propositions que nous portons dans l'intérêt des apiculteurs y sont refusées, sans que d'autres solutions soient proposées pour aider à résoudre les difficultés de l'apiculture en Dordogne. D'ailleurs, les différentes réunions ne mènent qu'au renouvellement des actions des années passées, puisque toute avancée y est impossible.
Cet hiver, le groupement d'achat a fonctionné à plein régime. Grâce à notre nouveau local, nous avons pu passer des commandes de matériels à la hauteur du nombre de nos adhérents. Le hangar s'est rempli, puis s'est vite dégarni pour répondre à vos multiples commandes. Si j'en crois le nombre de ruches commandées et de matériels divers, l'apiculture du département est en expansion, et nous sommes fiers d'apporter notre pierre à ce développement. Les nouvelles dispositions de fonctionnement ne semblent pas vous avoir trop gênés. Elles ont permis que les distributions se passent plus sereinement.
Du côté national, le ciel de l'apiculture n'est pas au beau fixe. La mise en oeuvre du plan de développement durable de l'apiculture pose question : le problème crucial de la surmortalité des colonies d'abeilles n'est pas pris en compte par le Comité stratégique pour l'apiculture. Comment envisager de développer l'apiculture si le pays n'arrive pas à conserver ses abeilles ? Comment soutenir l'apiculture sans prendre en compte les priorités de la filière apicole ?
L'UNAF, avec d'autres organisations, a refusé de continuer à y travailler si les questions essentielles ne sont pas prises en compte. A l'heure ou j'écris ces lignes, nous organisons la participation des adhérents qui le peuvent à la manifestation parisienne du 1er avril, pour réclamer que nos demandes soient entendues.
Je vous souhaite un joli printemps, en espérant vous rencontrer prochainement à La Gavinie, à La Bachellerie pour notre formation à l'élevage des reines, ou devant un de nos stands de promotion de l'apiculture et des produits de la ruche .